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Sonic Bloom

12.07.2024

Clément Gautheron, En Roues libres

par gm / interview (2024)

Gare d’eau, port de plaisance de Saint-Jean-de-Losne. Les bicyclettes du Velocousmonium enclenchent au cœur de cette journée sportive et censément flamboyante. La petite bande du festival, haut-parleurs sur les guidons imaginés et préparés par Lucie Bortot, diffuse ses images sonores singulières sur l’aire de jeux. Onze vélos et seize pédales engagés dans une mini-course sans vainqueur·euse, participative et très maline. À l’image de cette journée, où l’expérimentation sonore, ludique et fichtrement pensée, franchit la fracture socio-culturelle des territoires. On se jauge, on se croise, on échange. Parfois. Là, les dynamos fournissent l’énergie aux lecteurs d’œuvres conçues ou revues pour la session. La musique électroacoustique se mêle aux chants d’oiseaux et aux piaillements enfantins. Ça perturbe l’espace sonore, ça quadrille joliment l’aire de jeux dans un ballet sinueux. Ballet qui réveille à peine le gros balèze aux muscles engoncés dans un t-shirt AC/DC : « tsais, les sons bizarres, moi… Encore, ils balanceraient de la bonne musique, du métal… », maugrée-t-il avant de reprendre un cours d’éducation sentimentale hasardeux à ses deux fistons puis de retourner compter « les wagons de schmits » qui viennent protéger le relais de la Flamme Olympique. La Highway to Hell est encore longue et se parcourt à vélo, pavée ou non de bonnes intentions. Plus loin, cette kermesse post-flammèche escortée par une maréchaussée bodybuildée garde ses atours de kermesse furieusement populaire. Dont acte, les Old Ma Crackers étrennent leur nouveau quartet. Un spécialiste autoproclamé, essaie à la volée : « Oh ça, c’est un truc Canadien ! ». Presque. Rompus à l’espace public, revisitant jusqu’à se l’approprier le répertoire d’une jug music — sono de bastringue et fête à neuneu américaine, country dégingandée — faite de guitare, contrebassine, banjo, national guitare et xylophone, les Crackers ont le soyeux soufflé des choses apéritives.
Résistance, sans trop de plat pour ce nouveau set d’En Roues libres. Encore plus chenu, plus frontal pour ce dernier solo de la semaine Sonic Bloom, joué-roulé par Clément Gautheron (cf. ci-contre). Presque Solo, rejoint qu’il est par une bénévole du CD 21, dans la cadence, tout à fait endurante, énamourée-collée à la roue du champion maison. « Ça se passe comment, je t’en colle une ? », glisse entre-temps une maman à sa fille impatiente que son père arrive pour lui offrir un sirop et une crêpe. Dans le sirop, lui aussi, le petit cycliste d’ici l’onde qui continue son ascension et sa conquête des paysages intérieurs. Il est là, tout luisant, lancé comme une locomotive, hurlant comme le métal, contrant l’orage contraint à passer alentour. On est sur une ultime version bardée de métal où le popu vient se rincer le cervelet de prouesses physiques et soniques, pour finir par rentrer chez soi, tout étourdi.
« T’as les yeux qui pissent l’amour », lance un scout à un autre avant de prendre les commandes du Vélocousmonium pour diffracter, sur le port, la pièce écrite par les élèves d’Antonin Millot à l’école musique de Brazey-en-Plaine. Linecheck rapide du Club Yaourt, second set des Crackers. L’Americana sur fond de toboggan et de tourniquet. Les stands de frites ont fermé, mais le répertoire réuni ou composé par Lucas Le Texier, chief-crackerz, est, lui, très ouvert. Et réjouissant. Idem pour la joie du Club de hip-hop fromager. Parodie, légèreté, claquettes-chaussettes et petites foulées. Coach Raoul et Ventolin’ rameutent et fédèrent dans leur Club Yaourt grâce à leur beat box patiné de patois. Pas seulement blagueur. Poil à friction, aussi, ce concert Sabotage.
Les scouts ont reposé les vélos sonores, le ciné-mix des Pavés de l’enfer commence. D’autres vélos et d’autres sons slaloment sur écran entre les hourras des cathos en uniforme à destination de madame la maire, fêtée une heure plus tard par une autre petite bande descendue joyeusement de la cité de Saint-Usage après le feux d’artifice. Artifice, ce pourrait être le pivot de cette semaine où l’expérimentation artistique, plutôt urbaine, vient s’éprouver au bord de l’eau, contraignant son bilan carbone, redorant enfin et joliment de vertu ses pratiques. Artifice sincère et prêt à en découdre. Mais, pour l’heure, la petite tribu cycliste du festival a déjà distillé sans peine les 32 km du retour au camp de base. Suite au prochain épisode ? Ok, Bloomers.

© guillaume malvoisin pour ici l’onde

les images du

festival musique et vélo au bord de l’eau

proposé par ici l’onde

© Pierrick Finelle pour ici l’onde

Sonic Bloom, jour 6
Sonic Bloom, jour 6
Sonic Bloom, jour 6
Sonic Bloom, jour 6
Sonic Bloom, jour 6

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